Qu'ils finissent dans une assiette, en poudre d'apothicaire ou chez un collectionneur en mal d'exotisme, de nombreux animaux menacés d'extinction sont l'objet d'un vaste et lucratif trafic en Chine. Des associations de défense des animaux dénoncent
La Chine s'est imposée comme un aimant pour le florissant commerce illicite, une question au coeur de la 14e conférence de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) qui se tient à La Haye jusqu'au 15 juin.
Une épave abandonnée le mois dernier au large des côtes méridionales chinoises en a encore fourni une triste illustration: les autorités ont découvert à son bord, agonisant au soleil, plus de 5.000 lézards, tortues et pangolins, un petit mammifère insectivore en plein déclin.
"Face à cela, la faune et la flore sauvage sont démunies car il n'existe pas de législation en Chine. Des nouveaux riches veulent pouvoir déguster ce que le commun des mortels ne peut s'offrir afin d'en mettre plein la vue", regrette Qin Xiaona à la tête d'une association chinoise de défense des animaux.
Et les chiffres ne sont guère rassurants: au moins un millier d'orangs-outans se négocient illégalement chaque année dans la région indonésienne du Kalimantan.
Jusqu'à une tonne de pangolins passent sous le manteau entre la Thaïlande et le Laos. "La plus grosse demande provient de Chine", souligne Chairul Saleh de l'organisation de défense de l'environnement WWF. "Ils ne veulent pas seulement ses écailles mais aussi sa viande".
La contrebande prospère sur les vertus ancestrales présumées des os de tigres lesquels soulageraient les rhumatismes et l'arthrite. Le pénis du félin constituerait un aphrodisiaque d'exception. Le reste est à l'avenant: la bile d'ours serait souveraine pour les problèmes de foie et de fatigue, la corne de rhinocéros un anti-inflammatoire hors pair, etc.
Une défense de rhinocéros, très prisée en manches de poignards dans les pays arabes, se négocie environ 14.000 dollars au marché noir.
A Taïwan, le prix d'un ours braconné peut atteindre 4.500 USD.
"Les gens y voient une occasion de gagner rapidement de l'argent à moindre risque", explique Petch Manopawitr directeur-adjoint du Fonds de conservation de la nature pour la Thaïlande.
Le commerce international des espèces sauvages représente entre 10 et 20 milliards d'euros par an et porte sur près de 350 millions de spécimens de plantes et d'animaux. Mais environ un tiers de ce montant provient de ventes illégales, une activité presque aussi lucrative que le trafic de drogue.
Selon Asep Rahmat Purnama, directeur général de l'organisation indonésienne ProFauna, le trafic dans l'archipel atteint un milliard de dollars par an.
En Inde qui détient 60% de la population restante de tigres, les efforts des autorités se heurtent à des braconniers de plus en plus déterminés.
Au Vietnam, entre 50 et 100 tigres survivent encore à l'état sauvage, selon les statistiques officielles.
En Thaïlande, le trafic a dû se rabattre sur des reptiles rares car léopards et tigres ont disparu du circuit.
"Nous pensons que le nombre d'espèces animales en Thaïlande a tellement chuté que le pays n'est plus en mesure d'être un véritable fournisseur", relève Tassanee Vejpogsa du groupe WildAid basé aux Etats-unis